Si vous avez lu avec attention l’ensemble de cet article, la polémique entourant la COP 28 ne devrait pas être une surprise.
Effectivement, l’organisation de la COP aux Émirats a, à elle seule, déjà fait couler beaucoup d’encre. Alors que le pays était classé 4ème plus grand pollueur au monde par habitant en 2019 et qu’il figure parmi les principaux exportateurs de pétrole, difficile de ne pas afficher au mieux un certain scepticisme et d’y voir, au pire, une vaste campagne de greenwashing.
Comment ne pas souligner non plus le conflit d’intérêts que représente la nomination d’un patron de compagnie pétrolière dans le cadre d’une conférence mondiale sur le climat. C’est d’ailleurs la première fois dans l’histoire de la Conférence des Parties qu’un PDG est désigné à sa présidence.
Sans surprise, cela n’a pas manqué de faire bondir les ONG telles que Greenpeace, Climate Action Network ou Les Amis de la Terre qui ont alerté sur les menaces que faisait peser cette nomination sur la légitimité et l’efficacité de la COP28 dans une lettre adressée au secrétaire général de l'ONU.
Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les prises de positions pro-fossile de Sultan Al Jaber n'arrangent rien à l’affaire. Le lendemain de sa nomination, le futur président déclarait ainsi : “Les politiques visant à se désinvestir des hydrocarbures trop tôt, sans alternatives viables adéquates, sont autodestructrices. Nous apporterons une approche pragmatique, réaliste et axée sur les solutions”. Et d’ajouter quelques jours plus tard : “Nous devons limiter la hausse mondiale des températures à 1,5 degré sans ralentir la croissance économique”.
Mais nous laisserons le mot de la fin aux 27 sénateurs et membres du Congrès américain appelant à la démission d’Al Jaber via une lettre adressée fin janvier à John Kerry, l’envoyé des États-Unis pour le climat : "Un champion des énergies fossiles chargé des plus importantes négociations climatiques au monde, ce serait comme le PDG d’un conglomérat de cigarettiers chargé de la lutte contre le tabagisme".